Je suis Juliette Sméralda, docteure en sociologie, diplômée de l’Université Paris VII-Jussieu.

Ma thèse de doctorat a été consacrée à une étude comparative de l’identité sociale des trois principaux groupes ethniques (Noirs, Indiens, Blancs) qui cohabitent à la Martinique.

J’ai été maîtresse de Conférences associée à l’UAG ; Chargée de cours en Bavière, Chargée d’enseignement et Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche en sociologie (ATER), au Département de sociologie  de l’Université Marc Bloch, à Strasbourg ; Chargée d’enseignement à l’Université des Antilles, au CNAM et dans plusieurs structures para universitaires de formation d’adultes associées à des universités françaises.

Mes principaux enseignements sont la sociologie (générale, relations raciales, culturelle, du travail, de la famille, de l’urbanisme) ; la méthodologie de la recherche scientifique ; les relations interculturelles, …

J’ai été chercheure associée dans plusieurs laboratoires de recherche en sciences humaines et sociales, pour des recherches inscrites dans le cadre des paradigmes des relations raciales (École de Chicago) et de la domination. J’explore plus largement la colonialité des liens qui unissent les (post-)colonies antillaises et l’Afrique de l’Ouest à la France. Mes recherches ont donc pour cadre théorique les Postcolonial Studies qui ont encore du mal à se faire une place dans le monde de la recherche française et antillo-guyanais.

Mes objets d’études privilégiés sont la condition des Afrodescendants de la Caraïbe ; les séquelles psychologiques de la Traite Négrière Transatlantique (TNT), les pratiques esthétiques et le traitement du corps chez les Kamites (Afros), les liens entre le continent africain et sa diaspora.

J’ai intégré en 2017 le Comité scientifique de la Revue de Sciences sociales et humaines Lapeaulogie, dont j’ai coordonné le N°1 qui porte sur « Le blanchiment de la peau humaine » (www.lapeaulogie.fr).

Mes recherches ont donné lieu à de nombreuses publications (livres et articles) sur les thèmes du racisme, des discriminations raciales, et sur les relations asymétriques entre dominants et dominés… L’ouvrage qui représente le mieux cette dimension phare de mon travail est Peau noire cheveu crépu. L’histoire d’une aliénation, publié en 2004 aux Éditions Jasor. L’impact de cette étude a été et reste considérable dans le monde de la recherche, dans la diaspora africaine et afrodescendante, dans le monde estudiantin qu’il a beaucoup influencé, dans les médias et sur les réseaux sociaux. Dans l’espace francophone, il est à l’origine du mouvement nappy, qui valorise le port du cheveu crépu non mutilé, non soumis à des traitements chimiques agressifs, assumant sa texture « naturelle » et renforçant l’identité subjective et sociale des femmes noires… Le fait d’avoir « sociologisé » le phénomène du défrisage, de l’avoir cerné dans son contexte sociohistorique, et de l’avoir érigé en thématique qui pouvait désormais s’énoncer à travers des concepts et un vocabulaire propre a beaucoup contribué à sa large diffusion et à son appropriation par les « gens du commun » (la « société civile ») comme par le milieu de la recherche scientifique. La résonance toujours aussi forte depuis 16

ans d’existence de l’ouvrage témoigne de la force d’impact qu’il a eu dans le public, et plus largement, sur nombre de sociétés. De nombreux médias (presse et audiovisuel) se sont intéressés à la problématique, ainsi que des universités, des associations, des professionnels du cosmétique et de la coiffure…

De nombreux articles sont parus sur mon travail dans des journaux et revues internationaux. J’ai ainsi des ITW dans des magazines français, canadiens, belges, italiens tels que Le Monde, Le Monde Afrique, Le point, France culture, Mediacongo, francetvinfo, jeuneafrique, Radio-Canada, TV5monde, Elle Belgique, Marieclaire, Lefigaro, l’express ; des télés telles que TV Monde (64’ Grand angle), France 24, France Ô, Canal 10, Guadeloupe et Martinique 1re, des radios et des radios libres… Depuis une dizaine d’années, j’anime moi-même, bénévolement, une émission à caractère pédagogique à ZoukTV (Raison Pratique) visible sur YouTube, dans le but de sensibiliser prioritairement les afrodescendant.e.s, Africain.e.s et Caribéen.ne.s aux problématiques qui les concernent, mais qui restent le parent pauvre des enseignements qui leur sont dispensés.

La valeur scientifique reconnue à ce travail explique qu’aujourd’hui certaines branches de la sociologie (celle du corps, de l’esthétique notamment) se sont ouvertes aux problématiques du corps et de l’esthétique pratiquée intragroupe et dans le cadre des relations asymétriques que les Extra-Occidentaux entretiennent avec les Occidentaux. C’est le cas à l’Université Marc Bloch de Strasbourg, où j’ai moi-même enseigné pendant sept ans, qui a ouvert une section de recherches en esthétique, qui donne lieu à de nombreuses communications lors de colloques de sociologie. Par ailleurs, une branche française de l’École de Chicago qui permet d’intégrer les relations raciales au cadre de la recherche scientifique a été instituée au département de sociologie de Strasbourg. C’est également le cas à l’Université des Antilles, où plusieurs des thématiques que j’ai introduites dans la recherche ont été pérennisées. Beaucoup de travaux entrepris en master et en doctorat sur les questions identitaires en lien avec les cheveux crépus, le défrisage, le blanchiment de la peau, le racisme, etc. s’inspirent de mes recherches et publications, et ont élargi considérablement le champ des problématiques abordées par le corps enseignant et les étudiant.e.s.

La politique exclusionnaire menée par la direction de l’UA contre mes candidatures depuis 2008 ne m’a pas permis d’intégrer cette université à un poste qui m’aurait permis d’encadrer les travaux des étudiant.e.s qui ont été nombreux à me solliciter, et ceci, malgré plusieurs qualification et re-qualifications aux fonctions de maître de conférences en section 19 (sociologie et démographie).